C’est à peine si l’on y a cru. C’est à peine si l’on se souvenait que c’était possible. C’est à peine si l’on avait osé envisager pareille méthode. Et pourtant, il a fallu se rendre à l’évidence. La paisible Suisse a vu sa tranquillité être remuée de fond en comble par des dizaines de milliers d’étudiant*es, mais aussi de salarié*es, de jeunes et de moins jeunes, qui ont défilé dans les rues de plusieurs villes le samedi 2 février dernier.

Les chantres de la droite bourgeoise ont peu commenté. Il est vrai que la seule attaque qu’ils avaient jusqu’alors été capables de formuler face au mouvement de la grève du climat se concentrait en un seul petit point, dénué de tout lien avec le fond de la démarche : « ils veulent sûrement sécher les cours, qu’ils le fassent un samedi et on verra. » Eh bien, samedi il y eut, et la droite se tut.

Pour quelques journées agréables, avant de prétendre repeindre en vert une partie de leur programme, comme l’a récemment laissé entendre la présidente du PLR Petra Gössi (pour une fois que son programme ne se limite pas à « dépasser le PS »). L’heure de la récupération partisane aurait donc enfin sonné, malgré la volonté clairement affichée des initiateurs de ce mouvement de rester hors parti ? Sans aucun doute : ce n’est plus un secret, nous sommes officiellement en année électorale, et il va bien falloir arracher des voix où l’on peut. Et le camp bourgeois de tenter péniblement de passer outre son dégoût naturel pour les mouvements sociaux, et de prétendre prendre part à une politique climatique active. Ne nous faisons pas l’affront d’être dupes face à de telles manœuvres.

 

Ce n’est pas ici que je dois le préciser : nous, socialistes, nous devons nous féliciter et nous réjouir de la naissance et de la propagation de tels mouvements. Rappelons-nous les acquis inestimables de la Grève générale de 1918 : AVS, système proportionnel, réduction du temps de travail – même le suffrage féminin faisait partie des revendications émises à l’époque. La grève du climat et le comité y-relatif se mettant en place en Valais, mais aussi la grève des femmes* du 14 juin et le Collectif Femmes Valais, ou encore la fondation prochaine du GSSA valaisan. Autant de moments hors du champ politique, et pourtant ô combien politiques. Soyons fins analystes : il s’agit moins d’un refus unilatéral de l’appareil des partis politiques que de tentatives d’obtenir, différemment, des résultats politiques.

L’urgence climatique est un fait. Agir est nécessaire. Nous n’avons jamais douté de cela au PS, et nous savons qu’une politique environnementale durable va nécessairement de pair avec une transformation et une réorientation profonde de notre système économique. Mais la traditionnelle majorité libéralo-conservatrice bloque depuis longtemps les avancées, et les gens en ont marre. Soyons à l’écoute de ces mouvements, entendons les appels aux solutions fortes se multiplier, et emparons-nous d’une thématique qui nous appartient. Rappelons à la population que nous sommes le parti du progrès, dans un discours clair, fort, et courageux – peu importe l’inertie de nos adversaires, nos idéaux doivent être combatifs et visionnaires. Au Parti socialiste d’être à l’écoute des mouvements sociaux et d’apporter les réponses aux questions soulevées face à l’inaction climatique d’une majorité apathique – c’est là la pierre angulaire de notre engagement.

 

Clément Borgeaud

Secrétaire de la Jeunesse Socialiste Suisse
Chef du groupe AdG – Monthey